Noko, le Souffleur de Nuages

Noko, le Souffleur de Nuages

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Dans un coin du ciel où les avions ne volent jamais, où les étoiles brillent même en plein jour, vivait Noko. Noko était un petit éléphant… volant. Mais pas un éléphant comme les autres : ses oreilles étaient larges comme des draps, toutes douces et légères, faites de véritables pétales de pissenlit. Elles frémissaient au moindre souffle du vent. Grâce à elles, il flottait lentement, paisiblement, dans les airs.

Noko avait une mission bien particulière. Chaque soir, juste avant l’heure du coucher, il soufflait sur les nuages pour les transformer. Pas n’importe comment ! Avec beaucoup de concentration et un petit brin de magie, il sculptait des formes dans la ouate du ciel : des lapins câlins, des trains tout doux, des châteaux moelleux, des licornes endormies. Ces formes, c’étaient des messages pour les enfants. Des clins d’œil du ciel qui disaient : « Tu peux rêver tranquille, je veille sur toi. »

Mais un soir, quelque chose clochait. Les nuages restaient figés, épais, lourds. Noko souffla, souffla encore… mais rien ne bougea. Même ses plus belles inspirations restaient muettes. Le vent avait disparu.

Inquiet, Noko se posa sur un petit nuage solitaire. « Que se passe-t-il ? » se demanda-t-il, les oreilles toutes raplapla. Il décida de partir à la recherche du Vent Perdu. Pour cela, il devait descendre sur Terre, ce qu’il n’avait encore jamais fait.

Au bout d’un long vol plané, il atterrit dans une clairière douce comme un coussin. Là, il rencontra Kimi, une taupe pas comme les autres : elle portait des lunettes étoilées et lisait les courants d’air comme d’autres lisent les journaux. « Tu cherches le vent ? » dit-elle en clignant des yeux. « Suis-moi. »

Ils prirent ensemble un sentier fait de plumes, traversèrent une forêt où les arbres chantaient des chansons de berceuse, et passèrent par un tunnel de coton où l’on n’entendait plus que les battements du cœur. Kimi lisait les signes dans les feuilles, dans les branches qui frémissaient, dans les silences aussi.

Finalement, au creux d’un volcan endormi, ils trouvèrent le Vent. Il était là, recroquevillé dans une bulle géante, endormi depuis longtemps. Il ronflait si fort qu’il avait oublié de souffler.

Noko grimpa sur une pierre, ferma les yeux, et souffla… pas avec sa bouche, mais avec son cœur. Il souffla un souvenir : celui d’un enfant qui, un jour, avait vu un dragon dans les nuages et avait souri. Et ce souvenir, doux et chaud, réveilla le Vent.

Le Vent éternua, puis éclata de rire, et se remit à souffler dans toutes les directions, emportant les feuilles, les graines, et les rêves avec lui. Noko battit des oreilles de joie, et ensemble, avec Kimi, ils remontèrent vers le ciel.

Depuis ce jour, les nuages dansent à nouveau chaque soir, et parfois, si tu regardes bien, tu peux y voir une silhouette d’éléphant qui te fait un clin d’œil avant de s’envoler.

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