Lina et la Montre à Remonter Hier

Lina et la Montre à Remonter Hier

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Lina était une fille malicieuse, toujours fourrée dans des coins où personne n’osait aller. Elle adorait chercher des trésors dans la brocante du vieux Monsieur Capello, là où tout sentait la poussière, la menthe, et les histoires oubliées.

Un jour, en fouillant sous un tas de boîtes à musique cassées, Lina trouva une petite montre dorée. Le cadran était fendu, l’aiguille bloquée entre deux chiffres. Mais au dos, gravé tout finement, il y avait une inscription :
“Pour ceux qui veulent essayer encore.”

Intriguée, Lina tourna la petite clé sur le côté… et tout autour d’elle se mit à trembler.

ZZZiiiippp !

Le monde devint flou, comme un dessin sous la pluie, et quand l’image se replaça… elle se retrouva la veille.
Tout était pareil, mais un peu différent : les feuilles sur les arbres n’étaient pas tombées, la tarte à la fraise que son frère avait engloutie était de retour sur la table, et sa maman portait la robe d’hier.

Lina venait de remonter le temps. D’une journée.

Au début, elle s’amusa beaucoup : elle revint sauver son cerf-volant qu’elle avait cassé, rejouer un match de cache-cache qu’elle avait perdu, revivre un goûter délicieux. À chaque fois, il suffisait de tourner la clé de la montre.

Mais au bout d’un moment, elle se rendit compte d’une chose étrange. À force de revenir en arrière, plus personne ne riait autant. Les surprises devenaient fades. Les aventures perdaient leur goût d’inconnu.

Un matin, elle essaya d’avancer le cadran pour aller dans le futur, mais la montre refusa. Elle n’était faite que pour revenir en arrière. Pas pour aller de l’avant.

Lina commença à s’inquiéter. Si elle restait coincée dans « hier », elle ne pourrait jamais découvrir « demain ».

Alors, elle chercha Monsieur Capello. Elle traversa les rues grises, le marché vide, le ciel qui semblait fatigué. Finalement, elle retrouva la vieille boutique… qui était devenue un jardin, en pleine nuit, sous des milliers de lucioles.

Au milieu du jardin, le vieux Monsieur l’attendait.

— « Tu as compris, n’est-ce pas ? » dit-il en souriant doucement.

— « Oui… je crois. Chaque journée est précieuse justement parce qu’elle passe, » répondit Lina, la voix tremblante.

Il hocha la tête et lui tendit une toute petite clé en argent.

— « Pour avancer, il faut vouloir sauter, même si tu ne sais pas où tu vas atterrir. »

Lina prit une grande inspiration. Elle inséra la clé dans la montre… et cette fois, en la tournant, tout s’illumina.

Elle se réveilla dans son lit, un matin tout neuf, un jour qu’elle ne connaissait pas encore.

Depuis, Lina garde la montre précieusement. Elle ne l’utilise plus pour changer hier. Elle préfère inventer chaque demain.

Et parfois, quand elle ferme les yeux très fort, elle entend un léger tic-tac… comme pour lui dire :
« Vas-y, avance. Le meilleur est devant. »

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