Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Simo était l’un des plus petits grains de sable de la grande plage de Mirabel.
Perdu parmi des milliards d’autres, il passait ses journées à écouter le vent, sentir les vagues, regarder les enfants construire des châteaux et les crabes courir en zigzag.
Mais Simo avait un secret.
Un rêve minuscule mais immense : voir le monde.
Il voulait découvrir ce qu’il y avait au-delà de la plage, au-delà des dunes, au-delà de l’horizon même.
Un matin, alors que les mouettes piaillaient au-dessus des parasols, un vent nouveau souffla. Un vent venu d’ailleurs, chargé d’odeurs de forêts, de montagnes, de villes mystérieuses.
Simo sentit le vent le soulever, doucement.
Il roula, roula, s’envola un peu, tomba sur la crête d’une vague…
Et son voyage commença.
D’abord, il atterrit sur le chapeau d’un marin endormi sur son bateau.
Quand celui-ci se réveilla et reprit la mer, Simo découvrit l’océan immense, les îles lointaines où les fleurs avaient des couleurs que personne n’avait encore inventées.
Un soir, en pleine tempête, une bourrasque le projeta sur la rive d’une grande ville.
Simo se retrouva coincé entre deux pavés.
Il vit des marchés bondés, des jongleurs qui faisaient danser des flammes, des musiciens qui faisaient chanter les murs.
Il entendit des histoires dans mille langues différentes.
Et chaque fois que quelqu’un marchait, courait, sautait au-dessus de lui, Simo avançait un peu plus loin, toujours plus curieux.
Puis, un jour, il fut ramassé avec d’autres grains dans la chaussure d’un enfant.
L’enfant partit pour la montagne.
Simo, caché dans le fond de la chaussure, découvrit les lacs d’altitude, les forêts d’émeraude, les neiges éternelles qui brillaient sous le soleil.
Il fut déposé, par accident, tout en haut d’une grande montagne, sur un rocher solitaire.
Là, il resta longtemps, bercé par le vent glacé, regardant les étoiles si près qu’il lui semblait pouvoir les toucher.
Simo souriait (si les grains de sable peuvent sourire) :
Il avait vu le monde.
Aujourd’hui encore, peut-être que Simo voyage.
Porté par un vent discret.
Glissé dans une poche oubliée.
Tournoyant dans l’air d’une autre aventure.
Et qui sait ?
La prochaine fois que tu sentiras un minuscule grain dans ton soulier après une promenade…
Peut-être seras-tu en train de voyager, toi aussi, avec Simo, le grain de sable rêveur.