Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Lucien était un petit coquillage nacré.
Pas le plus grand, pas le plus brillant.
Mais il avait la spirale parfaite.
Celle qui murmure à l’oreille quand on l’approche doucement.
Il vivait sur une plage tranquille,
juste là où la mer vient chatouiller le sable sans jamais le déranger trop fort.
Chaque jour, des enfants couraient autour de lui,
cherchant des coquillages plus gros, plus rares, plus colorés.
Mais Lucien restait là, tranquille.
Et attendait.
Car Lucien avait un secret.
Un vrai.
Pas un secret de mousse ou de vague.
Pas un secret de pirate ou de sirène.
Un vrai secret de cœur.
Quelque chose qu’un vieux marin lui avait confié un soir de lune ronde,
en le posant doucement sur le sable avec ces mots :
Alors Lucien avait attendu.
Pendant des années.
Des marées.
Des saisons.
Des orages.
Il avait vu des mains le ramasser, le secouer, le reposer.
Trop pressées.
Trop bruyantes.
Trop distraites.
Et il restait muet.
Mais un matin, une petite fille s’assit près de lui.
Elle ne le chercha pas.
Elle le trouva, sans le vouloir.
Elle le prit dans sa paume, tout doucement, comme un œuf fragile.
Elle ne parla pas.
Elle ne souffla pas.
Elle approcha Lucien de son oreille… et ferma les yeux.
Alors, il parla.
Mais pas avec des mots.
Avec un souvenir.
Une sensation.
Un parfum de sel et de miel.
Une image floue d’un câlin qu’on croyait perdu.
Un rire très ancien, comme une chanson oubliée.
La petite fille sourit.
Ses yeux brillaient.
Et elle dit, très doucement :
Puis elle reposa Lucien sur le sable.
Sans le garder.
Juste le remercier.
Et Lucien resta là.
Un peu plus léger.
Il est encore sur cette plage aujourd’hui.
Peut-être que tu l’as déjà vu.
Mais si tu veux entendre ce qu’il garde en lui,
il faudra t’approcher doucement.
Te taire.
Fermer les yeux.
Et écouter autrement.