Le Chapeau qui Pensait à la Place des Gens

Le Chapeau qui Pensait à la Place des Gens

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Un matin, sur un banc, au parc du Grand Rond,
un vieux chapeau melon est apparu sans tête dessous.

Pas de mot. Pas de propriétaire.
Juste posé là, bien droit, comme s’il attendait qu’on lui parle.

Et justement… Jules passait par là.
7 ans. Des lunettes qui glissent.
Une tartine dans la main gauche, et une grande curiosité dans la droite.


  • « C’est à quelqu’un ce chapeau ? »
    Silence.
    Le vent.

Il s’approcha. Le souleva. Le posa sur sa tête.

Et là…

TOUT CHANGEA.


  • « Les fourmis sont l’élite silencieuse du monde moderne, » dit Jules, d’un ton très sérieux.

Sa tartine tomba.

Il n’avait jamais pensé à ça.
Il ne savait même pas ce que « l’élite silencieuse » voulait dire.


Il l’enleva.
Redevenu lui-même.

Il le remit.

  • « Si le yaourt expire demain, pourquoi moi je ne peux pas rester éveillé après 20h ? »

Le chapeau pensait à sa place.


Jules courut chez lui.

Il le mit sur son chat :

  • « Les humains ont une conception trop verticale du griffoir. »

Sur sa petite sœur :

  • « La véritable injustice commence quand on mélange les puzzles de 100 et 500 pièces. »

Sur le grille-pain.
(Le grille-pain n’a rien dit, mais il a grincé avec élégance.)


Le chapeau avait une opinion sur tout.
Et plus il était posé longtemps… plus les idées devenaient étranges.

Au bout de trois jours :

  • « Les plantes complotent. Le ficus de mamie me regarde mal. »
  • « Pourquoi les chaussettes vont par deux et pas les chapeaux ? »
  • « Je suis le roi des pigeons. Respectez-moi. »

Alors Jules prit une décision.

Il le remit sur le banc.
Et accrocha un petit panneau :

“Chapeau de réflexion profonde.
À utiliser avec modération.
Ramener les tartines perdues.”


Et parfois, en passant, il voyait un passant parler tout seul.
Ou réciter des poèmes à un écureuil.
Et il savait : le chapeau faisait encore des siennes.

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