Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Dans le grand parc de Montbrise, vivait Achille, un moineau minuscule, tout dodu et tout vif.
Il avait tout pour être heureux :
Il y avait juste un tout petit souci.
Achille avait… le vertige.
Oui, oui.
Un oiseau qui a peur du vide.
Dès qu’il essayait de voler un peu trop haut, ses plumes frissonnaient, ses ailes se mettaient à trembler, et il se laissait tomber en criant :
— « WOUAAAAAAH NON NON NON NON NON ! »
Alors que ses amis moineaux faisaient des pirouettes dans le ciel, Achille se contentait de sauter de branche en branche… le plus bas possible.
Un jour, la grande fête du Printemps fut annoncée.
Il y aurait un concours : « Le plus beau vol au-dessus du grand chêne. »
Tous les oiseaux du parc s’inscrivirent.
Sauf Achille.
Il préférait… préparer les confettis en feuilles sèches. Tranquillement. À ras du sol.
Mais ses amis insistèrent :
— « Allez, Achille ! Il faut oser ! »
— « Tu n’as qu’à voler un tout petit peu ! »
— « Promis, on installera un matelas de mousse en dessous ! »
Après beaucoup d’hésitations, Achille accepta.
Le jour de la fête, le grand chêne était décoré de rubans multicolores, et tous les animaux du parc s’étaient rassemblés pour applaudir.
Les oiseaux déployaient leurs ailes avec élégance, tourbillonnaient, virevoltaient…
Et puis ce fut au tour d’Achille.
Tout tremblant, il monta sur la plus basse branche.
Il prit une grande inspiration.
Il battit des ailes.
Il sauta.
Et…
… il fit un looping maladroit, atterrit dans un tas de confettis, et fit voler des feuilles partout comme un feu d’artifice !
Tous les animaux éclatèrent de rire et d’applaudissements.
Achille, tout étourdi, se redressa, une feuille collée sur la tête comme une couronne.
Et sans s’en rendre compte… il battait des ailes, tout léger, tout heureux… au-dessus du sol !
Le vertige ?
Oublié dans l’éclat des rires et la douceur du moment.
Depuis ce jour, Achille n’est pas devenu le champion du vol acrobatique.
Mais il est devenu le roi des atterrissages rigolos, et tout le monde l’applaudit encore plus fort quand il transforme un saut timide en feu d’artifice de feuilles.
Car parfois, il suffit d’un petit accident heureux pour apprendre à voler à sa façon.