Bonjour, Hello, et les Briques Invisibles

Bonjour, Hello, et les Briques Invisibles

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Dans la cour de l’école, un mur venait d’apparaître.
Pas un vrai mur.
Pas de briques, ni de ciment.
Juste une ligne invisible, mais très solide,
qui séparait les enfants d’ici
et ceux venus d’ailleurs.


Le matin, les enfants français jouaient à chat.
L’après-midi, les enfants anglais jouaient à “tag”.
Et entre les deux :
des regards,
des hésitations,
et des silences un peu tristes.


Tom, 9 ans, français,
s’était toujours dit que “Hello” voulait dire “Je veux pas jouer avec toi.”
Alors il restait de son côté.

Ben, 9 ans aussi, anglais,
était persuadé que “Bonjour” signifiait “Je suis occupé.”
Alors il n’insistait pas.


Mais un jour, il y eut le ballon.

Un tir trop fort.
Un rebond étrange.
Et le ballon, ce traître, passa de l’autre côté du mur.

Silence.

Puis…
Tom avança.
Ben aussi.

Ils se retrouvèrent face à face.
Chacun tendit la main.
Et dit sa version de “salut”.

  • “Bonjour.”
  • “Hello.”

Et là, quelque chose tomba.
Une brique invisible, entre eux deux.
Pas bruyante. Mais nette.

Tom montra le ballon.
Ben sourit.
Tom fit le geste de tirer.
Ben fit le geste d’attraper.

Ils éclatèrent de rire.


L’après-midi, ils jouèrent ensemble.
Le ballon circulait mieux que les mots.
Mais chaque fois qu’ils riaient,
une autre brique tombait.


Le lendemain, ils échangèrent leurs premiers mots :

  • “Ballon.”
  • “Ball.”
  • “Jouer ?”
  • “Play ?”

Et ainsi de suite.

Ils mélangeaient tout.
Ils inventaient des mots mi-anglais, mi-n’importe quoi.
Mais ils se comprenaient de mieux en mieux.


Bientôt, les autres enfants vinrent voir.
D’un côté, de l’autre.
Et ils virent qu’on pouvait :

  • Faire une blague sans la traduire.
  • Comprendre un rire.
  • Apprendre un mot, juste pour faire plaisir.

Depuis, il n’y a plus de mur.
Pas même une ligne.

Juste une grande cour,
avec plein d’enfants qui disent :

  • “Hello, tu veux jouer ?”
  • “Yes, avec moi !”
  • “C’est cool !”
  • “Super fun !”

Et parfois, on entend encore tomber…
une dernière petite brique.

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