La Route des Vents Invisibles

La Route des Vents Invisibles

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Il existait, bien au-dessus des toits,
un réseau de chemins invisibles,
que les oiseaux appelaient les Courants-Messagers.

Des routes d’air doux ou puissant,
qui transportaient les graines, les parfums,
les idées légères,
et parfois même… les rêves qui s’échappent par la fenêtre.

Mais attention : seuls les oiseaux les plus expérimentés savaient les lire.
C’était comme un langage secret, écrit dans les remous du ciel.


Parmi eux, vivait Alo, un jeune martinet à la queue fendue.
Rapide. Agile. Mais… un peu tête en l’air.
Il rêvait de suivre un jour la Route des Vents Invisibles.
Celle qui, disait-on, menait à l’endroit où naissent les premières brises.

Mais c’était interdit aux oiseaux trop jeunes.
Trop risqué. Trop haut. Trop imprévisible.

Alors Alo attendait.
En secret, il s’entraînait.
Il écoutait les murmures du vent dans les feuilles.
Il notait les ondulations de l’air sur l’eau.
Il fermait les yeux pour sentir les chemins sans les voir.


Un matin, après une nuit d’orage,
le ciel était encore un peu froissé.
Mais Alo sentit quelque chose d’étrange.

Un appel.
Un sifflement tout doux.
Un passage qui s’ouvrait.

Il n’hésita pas.

Il sauta.


Le vent le happa immédiatement.
Pas vers le haut.
Pas vers le bas.
Mais à travers.

Il traversa un nuage en spirale,
croisa une envolée de plumes d’or,
passa à côté d’un parapluie perdu,
et vit… une montagne flottante.

Dessus, un arbre unique.
Et sur cet arbre,
des nids de toutes les formes, toutes les plumes, toutes les époques.

Il venait d’atteindre l’Observatoire des Vents.


Un vieux condor l’attendait.

  • « Tu as suivi le courant sans carte. »
  • « Je l’ai ressenti. »
  • « Alors tu es prêt. »

Et depuis ce jour,
Alo est devenu un Lecteur de Vents.

Il ne vole plus au hasard.
Il vole avec le monde.

Et parfois, quand on voit une plume passer doucement près de la fenêtre…
c’est peut-être lui,
porteur d’un rêve,
en plein vol.

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