Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Dans la forêt de Finfond,
tout le monde savait qu’une fois par an, à la pleine lune d’automne,
le Grand Chêne organisait un bal.
Un vrai.
Avec musique, guirlandes de lucioles, et tapis de mousse fraîche.
Mais seuls les animaux invités avaient le droit d’y venir.
Et les invitations ? Mystère.
Cette année-là, dans son terrier, un petit hérisson nommé Tiki soupirait.
Il n’avait jamais été invité.
Trop discret, trop piquant, pas assez bavard, disait-on.
Tiki se blottit dans ses feuilles sèches.
Mais au fond de son cœur, un tout petit morceau d’espoir brillait.
Le jour du bal arriva.
La lune monta haut dans le ciel.
Les lucioles se mirent à clignoter en rythme.
Tiki sortit son nez.
Pas de carton doré dans sa boîte aux noisettes.
Pas de ruban parfumé sous son chapeau.
Alors il marcha, lentement.
Pas vers le bal.
Mais vers la clairière.
Juste pour regarder.
Et là… il entendit.
Une note.
Puis deux.
Puis tout un orchestre d’insectes.
Les grenouilles chantaient.
Les chouettes battaient la mesure.
Les écureuils sautaient comme des balles rebondissantes.
Et au centre…
le Grand Chêne, illuminé comme un sapin de fête.
Tiki resta à l’orée, les yeux grands ouverts.
Quand soudain… une petite souris en robe d’écorce s’approcha.
Il fit demi-tour à toute allure.
Et là, collée à une pierre, une feuille roulée en parchemin.
“Cher Tiki,
Le bal n’est pas pour les bavards ou les brillants.
Il est pour ceux qui savent écouter le vent.
À ce soir.”
Signé : Le Grand Chêne.
Tiki retourna en courant.
Il arriva un peu essoufflé.
Mais juste à temps pour la valse des hérissons.
Et cette nuit-là,
sous la lune dorée,
Tiki dansa.
Tout doucement.
Mais avec le cœur léger comme une plume de mésange.