Le Grand Concert de la Terre Creuse

Le Grand Concert de la Terre Creuse

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Sous nos pieds, très loin sous les trottoirs et les forêts,
il existe un monde silencieux.
Pas vide. Pas mort.
Juste… discret.

Un monde de tunnels et de salles cachées,
où la terre respire lentement,
et où les murs gardent les souvenirs d’avant la lumière.

Là vivait Tilio, une jeune taupe mélomane.


Tilio n’avait pas envie de creuser pour chercher à manger.
Elle creusait pour le son.

Elle disait que certaines pierres vibraient en sol majeur,
que les racines de chêne faisaient des notes graves,
et que les vers de terre, quand ils dansaient… cliquetaient comme des tambours.


Les autres taupes se moquaient un peu.

  • « Encore en train de faire chanter la glaise ? »
  • « Creuse droit, Tilio. Pas en zigzag comme une partition ! »

Mais elle n’écoutait pas.
Elle creusait vers une idée.


Un soir, en suivant une rumeur grave et profonde,
elle déboucha dans une caverne gigantesque.

Un dôme de pierre, tapissé de cristaux.
Au centre : un rocher percé comme une flûte.

Et là, comme appelés par son tunnel,
d’autres arrivèrent.
Des taupes, oui.
Mais aussi des blaireaux, des musaraignes, même un vieux blaireau qui bégayait des comptines.

Tilio monta sur le rocher.
Souffla doucement dans un trou.
Puis tapa avec une racine.
Puis frotta un morceau de quartz.

Et peu à peu…
le silence devint musique.


Un rythme sourd.
Un chant profond.
Un écho que même les racines ont arrêté de pousser pour écouter.

Le Grand Concert de la Terre Creuse.


Depuis ce jour,
chaque mois, à la nouvelle lune,
les galeries vibrent de sons étranges.
Et si on colle l’oreille à la terre…
parfois, on entend Tilio diriger l’orchestre invisible.

Quelques histoires :