Léon et l’École Invisible

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Léon n’était pas un enfant comme les autres. Il avait une collection de chaussettes dépareillées, un grand-frère invisible (qu’il était le seul à voir), et surtout… il détestait l’école. Pas parce qu’il n’aimait pas apprendre, non. Mais parce que les écoles normales, avec leurs murs et leurs bureaux et leurs horaires, l’ennuyaient profondément.

Un lundi matin, alors que sa maman criait depuis la cuisine que “le petit-déjeuner allait refroidir !”, Léon découvrit un message glissé dans sa chaussure gauche :
“On t’a vu. On t’attend. Mets ta plus drôle de chaussette.”

Intrigué, il attrapa celle avec les spaghettis dansants (sa préférée), la chaussa, et… POUF !

Il disparut.

Pas de lumière blanche, pas de tourbillon. Juste pouf, comme quand on éternue dans un oreiller.

Léon atterrit debout, dans une salle de classe flottante, suspendue au-dessus d’un océan de confettis. Une vieille dame avec des cheveux en forme de buisson lui tendit un carnet.

— “Bienvenue à l’École Invisible, Léon. Ici, on apprend à sauter les flaques sans se mouiller, à entendre les secrets des objets, et à voler sans ailes — mais seulement si tu le mérites.”

Les élèves étaient tous… un peu bizarres. Il y avait une fille qui parlait en bulles, un garçon qui dessinait avec ses sourcils, et un chat qui notait tout dans un cahier.

Chaque jour, Léon apprenait des choses impossibles :

  • Comment lire les rêves qu’on a oubliés,
  • Comment faire croire à un miroir qu’il est un lac,
  • Et comment retrouver une chaussette disparue en écoutant son jumeau.

Mais tout n’était pas si simple.

Un jeudi, le vent disparut complètement. Et à l’École Invisible, sans vent… plus rien ne flottait. Les tables tombèrent, les craies se figèrent, et les professeurs perdirent leur sens de l’humour (c’était grave). Il fallait quelqu’un pour aller chercher le Vent Retourné, celui qui avait pris sa retraite dans une montagne en sucre.

Léon leva la main.

— “Moi. J’ai l’habitude des choses qui n’existent pas.”

Alors il partit, muni d’un parapluie cassé, d’un bonbon à l’anis (pour négocier), et de la chaussette la plus rigolote qu’il avait.

Le chemin fut étrange : il traversa un couloir fait de silence, croisa un lion peureux qui miaulait, et dut résoudre l’énigme d’un distributeur de chewing-gums philosophes. Finalement, au sommet de la montagne en sucre, il trouva le Vent Retourné : un monsieur frisé qui faisait du tricot.

— “Pourquoi souffler encore ?” grogna-t-il. “Les enfants ne croient plus en l’invisible.”

Léon lui montra alors la carte de l’École Invisible, que personne ne peut voir sauf ceux qui rêvent très fort. Le Vent la regarda, soupira… et souffla.

Et tout revint.

Depuis ce jour, Léon reçoit parfois un petit pouf au réveil. Et s’il met la bonne chaussette, il retourne à l’École Invisible. Là où on apprend ce que personne ne voit.

Et si, un matin, tu trouves une bille qui sent la pluie ou un mot dans ta chaussure… peut-être que toi aussi, tu y seras invité.

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