Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Dans la grande forêt d’Azurétoile, il y avait un loup dont tout le monde parlait.
Pas parce qu’il était cruel.
Pas parce qu’il était terrible.
Mais parce qu’il était… incroyablement allergique.
Léonard, le loup au beau pelage gris-bleuté, voulait pourtant respecter la tradition familiale : faire peur, hurler à la lune, et terroriser gentiment les lapins des clairières.
Mais à chaque fois qu’il ouvrait grand sa gueule pour montrer ses crocs…
À chaque fois qu’il plissait ses yeux pour se donner un air féroce…
Il éternuait.
« ATCHOUM ! »
Un énorme éternuement qui le faisait valser en arrière, qui décoiffait les hiboux et qui envoyait valser les feuilles sur des kilomètres.
Au début, il essayait de cacher son problème.
Quand il surgissait derrière un buisson pour surprendre les chevreuils :
« ATCHOUM ! »
— Les chevreuils éclataient de rire.
Quand il essayait de hurler à la lune :
« AOUUU—ATCHOUM ! »
— Les écureuils tombaient des branches, morts de rire.
Même les hérissons, pourtant sérieux, commençaient à se rouler par terre.
Un jour, Léonard en eut assez.
Il grimpa sur une souche au milieu de la forêt, rassembla tout le monde — lapins, renards, cerfs, oiseaux — et déclara solennellement :
— « Je ne serai jamais un loup effrayant. Mais peut-être que… je peux être un loup utile. »
Tout le monde pencha la tête, intrigué.
Léonard expliqua son idée : utiliser ses éternuements puissants pour :
Un grand silence suivit.
Puis, d’un seul coup, tout le monde applaudit.
Depuis ce jour, Léonard est devenu le loup préféré de toute la forêt.
Quand le vent tombe et que les bateaux restent bloqués, on l’appelle.
Quand les bourrasques sont nécessaires pour disperser les graines du printemps, Léonard arrive, plisse son nez et…
« ATCHOUM ! »
Un grand éclat de rire suit toujours son éternuement.
Et parfois, la nuit, quand la lune est ronde, Léonard tente encore un petit hurlement.
« AOUUUUUU… »
(… suivi d’un éternuement énorme et joyeux.)
Et tous les animaux de la forêt hurlent de rire avec lui.
Parce qu’après tout, il n’y a rien de plus fort que faire rire au lieu de faire peur.