Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Le capitaine Pépé Barbe-d’Azur n’était pas un pirate comme les autres.
Son navire, le Flotte-Nuages, ne voguait pas sur la mer, mais dans les airs.
Sous ses voiles gonflées de vents magiques, il filait à travers les cieux, traversant les orages, sautant par-dessus les arcs-en-ciel.
Un jour, alors qu’ils cherchaient l’île légendaire aux Trésors Inconnus, son équipage tomba sur un tourbillon étrange : une spirale dorée suspendue entre deux nuages.
— « Ça sent l’aventure ! » cria Pépé en riant.
Ils plongèrent dedans sans réfléchir.
Woooooooosh !
Quand ils ouvrirent les yeux, le ciel avait changé. Plus de soleil doré, plus de mouettes criardes. À la place : de grands bâtiments étincelants, des routes suspendues, et dans l’air, des machines aux yeux clignotants.
Ils étaient arrivés dans le futur.
À peine le Flotte-Nuages s’était-il posé qu’une troupe de robots s’approcha.
Ils étaient ronds, argentés, et émettaient des petits « bip-bip » polis.
— « Bienvenue, visiteurs temporels, » dit le robot-chef, dont la tête ressemblait à une théière brillante. « Vous êtes sur la Cité-Flottante Alpha-T. »
Les pirates, d’abord méfiants, réalisèrent vite que les robots étaient gentils.
Ils leur offrirent du carburant pour leur navire, leur montrèrent des jardins suspendus où poussaient des fruits qui chantaient, et leur firent visiter des musées où les souvenirs dansaient dans l’air comme des bulles.
Mais tout n’était pas si simple.
Le cœur de la Cité-Flottante, le Soleil Mécanique, était en train de s’éteindre.
Sans lui, toute la ville tomberait doucement dans l’océan du temps.
— « Nous ne savons plus comment rallumer l’Étincelle Originelle, » expliqua tristement le robot-chef.
Alors, Pépé Barbe-d’Azur se gratta la tête avec son crochet doré et dit :
— « L’étincelle, hein ? Je connais un truc qui rallume tout. »
Il sortit de sa besace un petit objet tout cabossé : un vieux briquet à vent, hérité de son arrière-grand-mère pirate. Un objet minuscule, mais forgé dans les nuages du premier orage du monde.
Avec un clin d’œil, il tendit le briquet au robot-chef.
— « Essayez avec ça. »
Le robot l’approcha du Soleil Mécanique.
FLOUMMM !
En une seconde, la lumière inonda la Cité-Flottante. Les tours dansèrent sur leurs bases, les fontaines jaillirent de rires argentés, les routes chantèrent sous les pieds métalliques.
Pour les remercier, les robots offrirent aux pirates un cadeau unique : une boussole temporelle.
Avec elle, le Flotte-Nuages pourrait visiter toutes les époques, sans jamais se perdre.
Avant de repartir dans leur spirale dorée, les pirates levèrent leurs chapeaux et crièrent :
— « À bientôt, amis brillants ! »
Et quelque part, dans un futur pas si lointain, un robot rêve encore d’une aventure sur un navire flottant, à rire avec des pirates aux cœurs aussi vastes que le ciel.