Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Au cœur de l’ancienne Forêt-Refuge, dans un petit creux de pierre abrité du vent, vivait Luma, une toute petite flammèche.
Pas plus grande qu’une noisette.
Pas plus bruyante qu’un souffle.
Elle n’était pas née d’un feu de colère ou d’un incendie sauvage. Non.
Luma était née d’un éclat de joie, un jour où un enfant avait soufflé sur une bougie pour faire un vœu.
Et depuis, Luma avait une mission bien spéciale : réchauffer le monde là où il en avait besoin.
Chaque matin, avant que les humains ne se lèvent, Luma filait à travers les cuisines endormies pour rallumer les braises sous les théières.
Elle se glissait sous les baignoires pour réchauffer doucement l’eau du bain.
Elle chuchotait aux poêles en fonte pour leur rappeler de garder leur chaleur toute la journée.
Personne ne la voyait. Mais grâce à elle, les matins étaient doux, les maisons vivaient, les repas fumaient délicieusement dans l’air.
Luma était heureuse.
Mais un jour, un grand froid venu du Nord descendit sur la Forêt-Refuge. Un froid si intense qu’il éteignit presque toutes les flammes du pays. Les cheminées moururent, les fourneaux s’éteignirent, les rivières gelèrent jusque dans leurs rêves.
Luma, toute petite, toute tremblante, sentit sa lumière faiblir.
Elle savait que si elle s’endormait, le dernier feu ami disparaîtrait.
Alors, rassemblant tout son courage, elle décida d’aller chercher le Cœur-Chaud, une flamme ancestrale cachée tout au fond de la Forêt, sous la Montagne des Souffles Perdus.
Le voyage fut long.
Luma dut traverser des plaines de givre, esquiver des flocons si lourds qu’ils auraient pu l’éteindre d’un seul frôlement.
Elle dut sauter de brindille en brindille pour ne pas s’éteindre sur la neige.
Parfois, elle se cachait sous des feuilles mortes, parfois elle chantait très doucement pour se redonner du courage.
Enfin, au creux d’une grotte, elle trouva le Cœur-Chaud.
C’était une vieille flamme, rouge sombre, endormie sous une cloche de pierre.
Avec une tendresse infinie, Luma effleura le Cœur.
Alors, dans un grand whooomf doux, une chaleur immense envahit la grotte.
La neige dehors se mit à fondre. Les ruisseaux se réveillèrent en chantonnant.
Et partout dans la Forêt-Refuge, les feux domestiques se rallumèrent, tout doucement, sans peur.
Luma, portée par un vent tiède, rentra chez elle.
Depuis ce jour, chaque fois qu’un enfant sent la chaleur d’un chocolat chaud entre ses mains, ou qu’une vieille théière se remet à chanter toute seule sur la cuisinière, quelque part dans la maison…
il est dit que c’est Luma, la petite flammèche née d’un vœu, qui veille discrètement.
Pas pour brûler.
Pas pour détruire.
Mais pour réchauffer les cœurs.