Pila, la Pile Qui Voulait Recharger les Cœurs

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Pila était une petite pile toute neuve.

Pas une grosse pile. Pas une pile spéciale. Juste une pile AA, sortie d’un emballage en plastique, prête à faire son devoir.

Mais elle avait une idée étrange.

• « Moi, je ne veux pas faire tourner une télécommande.
• Je ne veux pas allumer un jouet qui fait du bruit.
• Je veux… recharger un cœur. »

Les autres piles la regardèrent de travers dans la boîte.

• « Un cœur ? Tu veux dire un jouet en forme de cœur ? »
• « Non. Un vrai cœur. Un cœur qui est triste. Fatigué. Qui a besoin de chaleur, pas de moteur. »

Les autres piles éclatèrent de rire.

• « Tu regardes trop les étiquettes poétiques. »

Mais Pila ne changea pas d’avis.

Un matin, elle fut glissée dans une boîte à musique.
Elle pensa : « Oh ! Une berceuse, c’est peut-être déjà un petit bout de cœur ! »

Mais le jouet tournait trop vite, grésillait, et criait « DODODOOO DADA DING ! »
Rien de doux.
Rien de chaud.

Elle se laissa éjecter.

Ensuite, elle servit à allumer une lampe torche.
Trop fort. Trop blanc.
Pas de tendresse.

Elle sortit toute seule, roula sous le lit, et attendit.

Un soir, une petite fille pleurait.
Elle serrait une vieille peluche contre elle, dans le noir.
Sa maman, trop fatiguée, n’avait pas entendu.

Pila roula doucement.
Elle avait vu ce genre de tristesse dans les yeux d’un robot oublié.

Elle trouva une veilleuse oubliée, en forme d’étoile.
Une toute petite lumière, à peine jaune.
Elle s’inséra dedans. Fit un petit « clic ».

Et hop, la veilleuse s’alluma.

Pas fort. Juste assez.

La petite fille leva les yeux. Vit la lumière. Se calma.

Elle ne dit rien.

Mais elle serra la peluche, respira plus doucement, et… s’endormit.

Pila sentit une chaleur différente circuler en elle.

Ce n’était pas un moteur. Ni une vibration.
C’était quelque chose de vrai.

Depuis ce jour, Pila cherche toujours les petits objets oubliés, les lumières discrètes, les choses qui réconfortent.

Parce qu’elle a compris une chose :

Recharger les jouets, c’est utile.
Mais recharger un cœur… ça change une nuit.