Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Dans la Forêt des Murmures, où chaque arbre chantait doucement quand le vent passait, vivait Selma, une licorne très spéciale.
Ses crins n’étaient ni dorés, ni argentés. Ils étaient tissés d’aurores : un mélange mouvant de rose tendre, de bleu nuit et de violet rêveur. Lorsqu’elle galopait, elle laissait derrière elle une traînée lumineuse, comme un ruban d’aurore boréale.
Selma avait une mission secrète : elle réveillait les rêves oubliés.
Chaque nuit, quand la lune atteignait son sommet, elle trottait silencieusement sous les étoiles. Lorsqu’elle trouvait un rêve abandonné — roulé en boule au pied d’un lit, caché sous une feuille ou oublié dans une flaque d’eau — elle soufflait dessus de son museau brillant, et le rêve reprenait vie.
Un soir d’hiver, alors que la neige couvrait la forêt d’un manteau étincelant, Selma sentit quelque chose de différent.
Un rêve gigantesque était tombé du ciel.
Il était immense, aussi grand qu’un nuage, mais terni, tout froissé. C’était le Rêve du Monde, celui qui contenait les souhaits de tous les enfants ensemble : devenir astronaute, rencontrer un dragon, sauver un papillon, nager avec les baleines…
Mais le rêve était endormi.
Sans hésiter, Selma posa son front lumineux contre lui.
Son cœur battait fort. Très fort.
Alors, une chose merveilleuse se produisit.
Le rêve s’illumina doucement. Il se déplia, déployant ses ailes de lumière, couvrant la Forêt des Murmures d’un manteau de promesses, de rires, de musiques invisibles.
Les feuilles scintillèrent. Les ruisseaux dansèrent. Les pierres chantèrent.
Et, au-dessus de la cime des arbres, on vit s’élever, dans une immense spirale lumineuse, des milliers de petits rêves, prêts à revenir frapper aux fenêtres des enfants.
Depuis ce soir-là, lorsque la nuit est très claire, on peut parfois voir passer un fil de lumière coloré au-dessus de la forêt…
Certains disent que c’est Selma, toujours là, veillant sur les rêves, et rappelant à chacun que rien de ce qui est rêvé avec le cœur n’est jamais perdu.