Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Zélie était une tortue.
Oui, une vraie tortue, avec une carapace dure, des petites pattes trapues, et une tête qui sort doucement quand elle est curieuse.
Mais Zélie avait un secret :
Elle allait plus vite que tout le monde.
Mais vraiment vite.
Quand elle courait, les lapins mangeaient sa poussière.
Quand elle trottinait, les oiseaux n’avaient même pas le temps de dire bonjour.
Même les renards, pourtant très doués pour les sprints discrets, la regardaient passer bouche bée.
Elle allait si vite que les feuilles volaient autour d’elle en spirale.
Si vite que les escargots la soupçonnaient d’avoir des roues cachées sous sa carapace.
Mais voilà.
Zélie avait un petit défaut.
Elle détestait attendre.
Mais vraiment.
Vraiment.
Quand il y avait la queue pour des fraises :
— « QUOI ? Six escargots devant moi ? Je reviens demain ! »
Quand ses amis jouaient à « Un, deux, trois, soleil » :
— « Mais bougez ! Je ne peux pas rester immobile ! »
Elle bougeait à « UN »…
à « DEUX »…
et à « TROIS » aussi.
Quand elle envoyait un message à la chouette du grand chêne et que celle-ci répondait deux minutes plus tard, Zélie râlait :
— « C’est long comme un hiver ! »
Un jour, la grande course annuelle des animaux eut lieu.
Mais pas une course de vitesse…
Une course de lenteur.
Le but : avancer sans jamais courir.
S’arrêter. Respirer. Regarder. Écouter.
— « Pfff, » dit Zélie. « Moi, je suis rapide ! Pourquoi faire lentement ce qu’on peut faire vite ? »
Mais ses amis insistèrent :
— « Essaie. Juste une fois. »
Zélie accepta. À contre-cœur. En traînant ses pas (et en soupirant très fort).
La course commença.
Au début, Zélie gigotait.
Elle voulait aller vite. Très vite.
Mais elle força son corps à ralentir… un peu.
Puis encore…
et encore…
Et là, quelque chose d’étrange se produisit.
Elle vit des choses qu’elle ne voyait jamais :
Zélie sourit.
Elle ne gagnait pas la course.
Mais pour la première fois… elle n’avait pas envie de courir.
Depuis ce jour, Zélie reste rapide quand il faut.
Elle adore toujours foncer à travers les champs, faire la course avec les papillons.
Mais parfois, juste parfois, elle s’arrête.
Elle regarde le vent souffler doucement dans les feuilles.
Et elle murmure :
— « Pas besoin d’aller vite pour aller loin. »