Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Lino était un petit cadeau carré.
Joli papier kraft, ruban bordeaux, petite étiquette dorée.
Il était posé là, au pied du sapin, entre une boîte énorme qui faisait des bruits étranges, et un long paquet en papier brillant.
Mais Lino ne bougeait pas.
Il attendait.
Et surtout, il espérait ne pas être ouvert trop vite.
Parce que Lino n’était pas un cadeau comme les autres.
Pas un jouet qui fait de la lumière.
Pas un objet avec piles, boutons, ou musique.
Lino était un cadeau-souvenir.
Un de ceux qui ont une odeur douce,
une histoire à lire doucement,
ou un message qui fait battre le cœur un peu plus lentement.
Et il savait que s’il était ouvert trop vite, entre deux cris et trois papiers déchirés,
on risquait de passer à côté.
Alors, quand les enfants coururent dans le salon le matin de Noël,
Lino se fit tout petit.
Il se poussa derrière la grosse boîte à clignotants.
Il se glissa sous une branche basse du sapin.
Il voulait qu’on le voie en dernier.
Et quand enfin, la tornade des ouvertures ralentit,
quand les jouets étaient dans les bras, les papiers éparpillés,
et que le silence commençait à revenir doucement dans la pièce…
Une petite main le découvrit.
On le prit.
On le posa sur les genoux.
On le regarda.
On attendit.
Et puis seulement, doucement… on ouvrit.
Dedans, il n’y avait pas un jeu.
Mais un petit carnet.
Et une photo.
Et une phrase écrite à la main : « À lire quand tu en as besoin. »
Et ce matin-là, personne ne courut.
Personne ne cria.
On s’assit.
On lut.
On sourit.
Et Lino comprit que son souhait avait été exaucé.
Depuis ce jour, Lino vit dans une boîte à trésors.
Pas dans une armoire.
Pas sous un lit.
Et parfois, on le ressort.
Pas pour s’amuser.
Mais pour se souvenir.
Parce que certains cadeaux ne sont pas faits pour être déballés.
Ils sont faits pour être vécus.