Barnabé, l’Ours Qui Voulait Hiberner en Été

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Barnabé était un ours brun, grand, doux, un peu grognon, mais pas méchant du tout.

Comme tous les ours, il hibernait l’hiver, bien au chaud dans sa grotte, la tête posée sur un coussin de mousse.

Mais voilà.

Barnabé n’aimait pas l’été.

— « Trop chaud. »
— « Trop bruyant. »
— « Trop lumineux, tout le temps. »
— « Et ces pique-niques partout… ça sent le cornichon dans toute la forêt. »

Alors un jour de juillet, alors que les cigales chantaient comme des casseroles et que les enfants riaient au bord de la rivière, Barnabé déclara :

« C’est décidé. Je vais hiberner. Maintenant. L’été. Et toc. »


Tout le monde le regarda avec de grands yeux.

— « Mais Barnabé, c’est l’été ! Il y a des fruits partout ! »
— « La forêt est pleine de jeux et de soleil ! »
— « Tu ne peux pas dormir maintenant ! »

Mais Barnabé hocha la tête et bâilla très fort (ce qui fit tomber trois écureuils d’un arbre).

Il rentra dans sa grotte, ferma les yeux, et…
dormit.


Pendant que les autres animaux jouaient à cache-cailloux, faisaient des concours de grimaces ou des siestes dans les hamacs de lianes, Barnabé ronflait, paisiblement.

Et chose étrange…

la forêt semblait plus calme.

Les cigales chantaient un peu moins fort.
Les corneilles criaient un peu moins.
Même le soleil, certains jours, se couvrait de nuages pour laisser Barnabé dormir un peu mieux.


Mais un matin de septembre, Barnabé se réveilla en s’étirant.

— « Aaaah… qu’est-ce que c’était bon ! »

Il ouvrit la bouche pour bâiller, mais sentit une drôle d’odeur.

Il sortit de sa grotte…

… et découvrit l’automne.

Les feuilles rousses.
Les champignons dodus.
Les pommes tombées des arbres.
Et plus personne en train de faire du bruit.

Il sourit.

« Enfin une saison faite pour moi. »


Depuis ce jour, Barnabé hiberne quand ça lui chante.

Parfois l’hiver.
Parfois l’été.
Parfois juste deux jours en mars.

Et tout le monde dans la forêt s’est mis à écouter un peu mieux leur propre rythme.

Parce que comme dit Barnabé :

« Ce n’est pas la saison qui décide. C’est le cœur et les paupières. »

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