Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Dans la grande forêt de Douxvent, tout le monde connaissait Gaston, le petit écureuil roux.
Pas pour son agilité (même s’il sautait très bien).
Pas pour son pelage (même s’il brillait joliment au soleil).
Non.
On connaissait Gaston pour une chose bien précise :
Il oubliait tout le temps où il cachait ses noisettes.
Chaque automne, Gaston se lançait dans une grande mission.
Puis, il courait à toute vitesse chercher une autre noisette, en chantonnant :
— « Une pour moi, une pour l’hiver, une pour… euh… c’était où déjà ? »
Car voilà :
Gaston, tout excité, oubliait presque aussitôt où il avait caché son précieux butin.
Il griffonnait parfois des plans sur des feuilles sèches…
… qu’il perdait en route.
Ou il faisait des croix avec des bâtons…
… que les corbeaux emportaient pour décorer leur nid.
Bref, au bout de quelques jours, plus personne — même pas lui — ne savait où étaient ses noisettes.
Le premier hiver où ça arriva, Gaston paniqua.
Il fouilla sous tous les buissons, gratta autour de tous les arbres, grimpa sur toutes les branches.
Il trouva…
Mais de noisettes… rien.
Tout triste, il s’assit sur une souche, les oreilles toutes basses.
Et c’est là que ses amis arrivèrent.
— « Elle a atterri sur ma tête hier soir ! »
Peu à peu, toute la forêt se mit à retrouver les noisettes de Gaston, disséminées partout comme des miettes d’aventure.
Gaston rougit, gratta la terre de son museau, puis éclata de rire.
— « Finalement, c’est pas si grave ! Grâce à moi, tout le monde trouve une surprise en hiver ! »
Depuis ce jour, Gaston continue à cacher ses noisettes n’importe comment.
Mais il les partage sans même s’en rendre compte.
Et quelque part dans la forêt de Douxvent, quand un animal trouve une noisette oubliée sous la neige, il murmure avec un sourire :
« Merci, Gaston ! »