Gustave, la Grande Girafe qui Avait Peur des Criquets

Gustave, la Grande Girafe qui Avait Peur des Criquets

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Gustave était la plus grande girafe de toute la savane de Toukari.
Tellement grand qu’il chatouillait parfois les nuages avec ses petites cornes velues.

Tous les animaux le respectaient.

Quand Gustave marchait, même les lions baissaient la tête pour le laisser passer.
Quand il toussait, les antilopes se réfugiaient derrière les buissons.
Quand il éternuait… eh bien, il pleuvait sur deux villages d’un coup.

Mais Gustave avait un secret.

Un secret qu’il cachait au fond de ses longues pattes tremblantes :

Il avait une peur bleue… des criquets.

Pas des buffles.
Pas des crocodiles.
Pas des orages.
Non.
De ces minuscules insectes qui faisaient cri-cri dans l’herbe.

Dès qu’un criquet bondissait près de lui, Gustave lançait ses pattes en l’air, faisait un tour sur lui-même, et courait se cacher derrière un rocher ridiculement petit pour sa taille.

Les autres animaux chuchotaient :

— « Comment une si grande girafe peut-elle avoir peur d’une si petite bestiole ? »

Gustave baissait ses longues oreilles, tout honteux.


Un matin, alors que Gustave buvait dans la rivière en faisant attention à ne pas éclabousser tout le monde, un criquet géant atterrit sur son nez.

Pas un vrai géant, bien sûr.
Juste un criquet très, très proche.

Gustave figea.

Il voulait hurler, il voulait s’enfuir, mais il n’osait pas bouger de peur de le faire tomber.

Le criquet, tout tranquillement, frotta ses ailes et dit :

— « Bonjour, monsieur le géant ! Vous seriez drôlement utile pour m’aider à voir plus loin. »

Gustave cligna des yeux.

— « Tu… tu n’as pas peur de moi ? » balbutia-t-il.

— « Peur de toi ? Oh non ! Tu es une montagne à pattes, mais tu sembles très gentil. »

Le criquet sourit (enfin… autant qu’un criquet peut sourire) et ajouta :

— « Moi aussi, on se moque parfois de ma petite taille. Mais tu sais quoi ? Être petit, c’est pratique pour entrer partout. Et toi, être grand, c’est utile pour voir au-delà des collines ! »

Gustave sentit quelque chose fondre doucement dans son grand cœur.

Lentement, il sourit aussi.

Il baissa sa tête jusqu’au sol et dit :

— « Grimpe, petit ami. Je t’emmène voir le monde. »


Depuis ce jour, Gustave n’a plus jamais fui devant un criquet.

Mieux : il est devenu l’ami officiel de tous les insectes voyageurs.

Et si tu passes un jour dans la savane de Toukari, peut-être verras-tu un très grand cou tacheté, avec un minuscule passager sauteur tout en haut, en train de contempler le monde.

Car parfois, les plus grands ont juste besoin d’un tout petit ami pour être vraiment courageux.

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