La Chèvre et la Cloche

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Dans un village accroché à la montagne, il y avait une chèvre fière nommée Margot, connue pour sa belle cloche dorée qui tintait joyeusement à chacun de ses pas.

— « Tling, tling ! », chantait-elle en grimpant les sentiers, la tête haute.

Tous les animaux l’admiraient.

— « Quelle allure ! »
— « Quelle prestance ! »
— « On l’entend de loin, c’est une vraie star ! »

Mais un jour, arriva dans le troupeau un petit chevreau sans nom, sans cloche, sans boucle, sans rien.

Silencieux, timide, il marchait dans l’ombre de Margot.

— « Eh bien, » souffla Margot, « tu n’as même pas une cloche ? Comment veux-tu qu’on sache que tu es là ? »

Le chevreau haussa les épaules.
Il préférait marcher en silence, regarder les papillons, écouter les fourmis, et mâchouiller les pensées sauvages.

Margot, elle, faisait toujours du bruit.
Elle passait partout en fanfare, tling-tling par ici, tling-tling par là…

Mais un matin, un renard rusé grimpa par les bois.

Il entendit la cloche.

— « Ah ! Un déjeuner qui fait du bruit. Parfait. »

Margot, toute concentrée sur sa pose fière, ne le vit pas arriver.

Mais le petit chevreau, lui, avait entendu le craquement dans les buissons.
Il bondit, bêla très fort, et guida tout le troupeau par un chemin discret qu’il connaissait depuis toujours.

Margot fut sauvée, mais elle avait perdu quelque chose dans sa fuite : sa cloche.

Depuis ce jour, elle ne tintait plus en marchant.

Et elle avoua, un peu rouge sous ses poils :

— « On peut être fière sans faire de bruit. »

Le petit chevreau sourit.

Et tout le troupeau suivit son nouveau pas : plus discret, plus attentif… mais toujours ensemble.

Morale :

Ce n’est pas toujours celui qu’on entend le plus… qu’il faut suivre.
Parfois, les plus discrets voient venir les ennuis avant tout le monde.