Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Dans une vieille bibliothèque un peu oubliée, entre un atlas très poussiéreux et un roman d’amour toujours ouvert à la même page, il y avait un petit livre rouge.
Il s’appelait Le Petit Livre de l’Aventure Ultime.
Sur sa couverture, on voyait un héros courageux, un dragon, et un trésor doré.
Tout le monde aimait le début.
Mais chaque fois qu’un lecteur arrivait à la fin, il fronçait les sourcils.
— « Oh. C’est tout ? »
— « Mais pourquoi il rentre sans rien dire ? »
— « C’est bizarre, non ? »
Et puis le livre était refermé.
Rangé.
Oublié.
Alors, une nuit, dans le silence de la bibliothèque, le livre ouvrit un œil (car oui, les livres ont des yeux invisibles)… et grogna :
— « Cette fin… ne me plaît pas du tout. »
Il se tortilla sur son étagère.
Il secoua ses pages.
Il tenta de froisser le dernier chapitre (mais un livre ne peut pas se froisser lui-même, c’est une règle).
Alors il fit la seule chose qu’il pouvait faire :
il chuchota à l’Encre.
— « Hé, toi, petite tâche noire… tu peux m’aider ? »
L’Encre, surprise mais flattée, répondit :
— « Que veux-tu, petit livre ? »
— « Change-moi la fin. Je veux… une autre suite. »
L’Encre sourit, s’étira comme un chat, et se mit à bouger toute seule.
Elle effaça le dernier paragraphe.
Elle inventa. Elle recommença.
Et au petit matin, quand la bibliothécaire ouvrit les volets… le livre avait changé.
Cette fois, le héros ne rentrait pas chez lui.
Il partait plus loin encore.
Il découvrait des mondes invisibles.
Il aidait un dragon à planter une forêt entière au sommet d’une montagne.
Et la dernière page disait :
« Et si la vraie fin… c’était de continuer à rêver ? »
Depuis ce jour, Le Petit Livre de l’Aventure Ultime n’est jamais rangé longtemps.
Parce que les enfants qui le lisent arrivent au bout…
puis le rouvrent à la première page…
et recommencent.
Encore.
Et le livre, lui, sourit en silence.
Car enfin, sa fin lui plaît.