Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Luma était une toute petite lampe de poche.
Pas plus grande qu’une banane.
Elle avait un corps jaune pâle, un bouton un peu capricieux, et une lumière douce, jamais trop forte.
Elle vivait dans le tiroir d’une table de nuit, à côté d’un vieux mouchoir, d’un crayon mâchouillé et d’une perle solitaire.
Chaque soir, quand la lumière s’éteignait, Luma attendait.
Elle espérait.
Elle ne voulait pas juste éclairer le mur.
Elle voulait… protéger les rêves.
Les autres objets du tiroir riaient doucement.
— « Protéger les rêves ? Mais voyons… tu n’es qu’une lampe. »
— « Tu es utile pour trouver une chaussette sous le lit, c’est tout. »
Mais Luma, elle, savait.
Elle savait que quand le noir s’installe, parfois les cauchemars se réveillent.
Des ombres qui deviennent des monstres.
Des craquements qui font battre le cœur trop fort.
Des pensées qui tournent comme des feuilles emportées par le vent.
Et elle voulait être là. Pour rassurer. Pour calmer. Pour apaiser.
Un soir, dans la chambre d’Emma, une petite fille douce mais très rêveuse, les choses changèrent.
Emma fit un cauchemar.
Un vrai.
Un gros.
Avec des dents en brouillard.
Un plafond qui devenait une vague.
Et une voix dans l’oreiller qui disait : « Tu n’y arriveras jamais. »
Emma trembla. Se recroquevilla. Puis, d’une main tremblante, elle ouvrit le tiroir.
Clic.
Luma s’alluma.
Pas violemment.
Juste une petite lueur chaude. Comme une veilleuse portable.
Et dès que la lumière toucha les murs, le cauchemar recula.
Doucement.
Puis disparut dans un coin de la pièce, comme une brume timide.
Emma soupira.
Elle se recoucha, la lampe posée sur l’oreiller, juste à côté de sa joue.
À partir de ce soir-là, Luma eut une mission.
Elle veillait.
Pas contre les monstres sous le lit, non.
Mais contre les doutes, les peurs, les rêves trop lourds.
Quand un cauchemar approchait, elle s’allumait juste un peu, comme pour dire :
« Je suis là. Continue de rêver. Rien ne peut t’atteindre. »
Et Emma, peu à peu, se mit à rêver de choses encore plus grandes.
Parce que quand on n’a plus peur de l’ombre…
on peut rêver plus loin que la nuit.
Une petite lumière suffit parfois…
à faire fuir les grandes peurs.