Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Merlin Minus était un petit magicien de village.
Pas très grand.
Pas très doué.
Mais très très enthousiaste.
Il avait un grand chapeau mou, une cape trop longue et un vieux lapin blanc qui sortait de son chapeau quand il voulait (pas toujours au bon moment).
Chaque samedi, il faisait un spectacle sur la place du marché.
Les enfants riaient, les parents applaudissaient, même si ses cartes collaient et ses foulards tombaient trop tôt.
Mais un matin… trou noir.
Rien. Plus un seul tour dans sa tête.
Il fouilla ses poches.
Rien.
Il ouvrit son grimoire.
Des pages toutes blanches.
Il appela son lapin…
…mais il dormait profondément dans le chapeau, avec un bouchon d’oreille.
Il regarda la place du village.
Les enfants arrivaient.
Les parents s’installaient.
Le rideau allait s’ouvrir.
Alors il respira un grand coup.
Et il se dit : « On va improviser. »
Il monta sur scène.
Silence.
Il sortit une chaussette, la fit parler comme une marionnette.
Il mit trois pommes sur sa tête et essaya de les jongler (elles tombèrent aussitôt, les enfants éclatèrent de rire).
Il inventa une chanson avec les prénoms du public, raconta l’histoire d’un dragon qui voulait être fleuriste, fit un chapeau avec une crêpe (qu’il mangea ensuite).
Et à la fin, quand tout le monde riait encore, un petit garçon dit :
Depuis ce jour, Merlin Minus fait toujours de la magie.
Pas avec des cartes, ni des lapins.
Mais avec les idées, les histoires, les surprises.
Et parfois, même sans baguette,
il fait apparaître quelque chose de rare :
le rire qui reste longtemps après qu’on soit rentré chez soi.