Miro et la Plume de Lune

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Miro n’était pas un oiseau comme les autres. Il ne chantait pas le jour, ne volait pas en escadrille, et ses plumes n’étaient ni colorées, ni brillantes. Elles étaient grises, fines comme du brouillard, presque transparentes. Mais Miro possédait quelque chose de bien plus précieux : il rêvait en chantant.

Chaque nuit, quand la lune se levait doucement, Miro s’envolait de son nid creusé dans un vieux clocher. Il ne cherchait ni nourriture, ni nid douillet. Il cherchait la Plume de Lune — une plume légendaire, tombée du ciel lors de la première nuit étoilée. On racontait qu’elle permettait à celui qui la trouvait d’écrire les rêves dans le ciel, pour que tous les enfants puissent les voir.

Mais la Plume était bien cachée.

Miro survola des forêts endormies, des villages figés, des rivières qui ronronnaient sous les étoiles. Il suivait les murmures du vent, les frissons des feuilles, les traces invisibles de rêves passés.

Un soir, alors qu’il survolait un vieux phare abandonné, il vit une lumière étrange clignoter dans le nid le plus haut. Il s’y posa avec douceur, et là, entre deux brindilles, reposait une plume lumineuse, vibrante, presque vivante.

Mais à peine l’eut-il effleurée qu’un hibou immense apparut. Il portait un chapeau de papier et des lunettes cerclées d’or.

— « Cette plume n’est pas pour toi, Miro, » dit-il d’une voix lente. « Elle n’obéit qu’à ceux qui savent écouter les rêves. »

Miro, un peu triste, demanda : — « Et comment fait-on ça ? »

Le hibou cligna lentement des yeux. — « Tu dois voler sans bruit, te poser près des fenêtres, et écouter… pas avec les oreilles, mais avec le cœur. »

Et c’est ce que fit Miro.

Chaque nuit, il glissait au-dessus des maisons, s’arrêtait devant les lucarnes, les balcons, les rideaux entrouverts. Il entendit des rêves d’aventures, des rêves de douceur, de rires, de peurs, de souhaits secrets. Il ne disait rien. Il écoutait. Et il gardait tout en lui.

Un mois plus tard, il revint au phare. La Plume de Lune l’attendait. Cette fois, elle brilla doucement dans sa direction. Il s’approcha. Elle trembla, puis flotta jusqu’à lui. Et au moment où il la toucha, son plumage entier se mit à briller comme un ciel de minuit.

Depuis ce soir, Miro écrit chaque nuit les rêves des enfants dans les nuages. Si tu lèves les yeux et que tu vois une étoile filer lentement… c’est peut-être une pensée que Miro vient de dessiner pour toi.

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