Histoire écrite par Valentin Dubrulle
Romarin était un jeune renard roux, très malin, très curieux… et un peu trouillard aussi.
Chaque soir, avant de dormir, il alignait trois galets sous sa tête, comme des petits gardiens.
Il fermait ses yeux tout doucement, se roulait en boule, et murmurait :
— « Pas de cauchemar, pas de cauchemar, pas de cauchemar… »
Mais chaque nuit, ça ne ratait pas : il faisait un cauchemar.
Pas des cauchemars effrayants.
Des cauchemars… bizarres.
Et tellement drôles que même Romarin se réveillait en riant (un peu).
La première nuit, il rêva qu’il courait dans la forêt…
avec des pâtes à la place des pattes.
Spaghettis avant, tagliatelles arrière.
À chaque pas, splish, splouch, plaf, il glissait dans la boue.
Un hibou le regarda passer et s’écria :
— « Al dente, le renard ! »
La nuit suivante, il rêva qu’il avait deux queues.
Une qui dansait toute seule, et une qui faisait la cuisine.
Pendant qu’il essayait de chasser, l’autre queue lui faisait un gâteau au chocolat sur la tête.
Résultat : tous les lapins le suivaient…
pas pour fuir, mais pour avoir une part.
Et puis il y eut cette fois où il rêva qu’il miaulait au lieu de japper.
Et que tous les chats du quartier venaient l’adopter comme leur bébé.
Il se réveilla avec une boule de poils dans la bouche (une vraie cette fois, merci les hérissons).
Au début, Romarin râlait :
— « Mais pourquoi je fais des rêves aussi bizarres ? »
Mais au fil des nuits…
il attendait ces histoires étranges avec impatience.
Il se couchait en se demandant :
— « Et ce soir, je vais rêver que je suis un sandwich ? Une étoile ? Un meuble ? »
Il ne disait plus « Pas de cauchemar, pas de cauchemar »,
mais :
« Vas-y, cerveau. Surprends-moi. »
Et depuis, dans la forêt, on entend parfois un petit renard roux rigoler tout seul dans son sommeil.
Et tous les autres animaux chuchotent :
— « C’est Romarin. Il rêve encore qu’il a des moustaches de mouche. »
Et tout le monde rit un peu. Même les arbres.