Talma et les Bulles à Souhaits

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Talma était une minuscule pieuvre, née dans un coquillage perlé. Elle vivait dans une lagune cachée, un endroit si paisible qu’on entendait le silence respirer. L’eau y était tiède et fluorescente, les algues dansaient en rythme, et les poissons racontaient des blagues en clignotant.

Mais Talma, elle, avait un don unique.

Chaque soir, elle soufflait de petites bulles argentées qui flottaient jusqu’à la surface. Mais pas n’importe quelles bulles : des bulles à souhaits. Chaque fois qu’un enfant sur Terre murmurait un vœu avec tout son cœur, une bulle naissait autour de Talma. Elle la caressait avec ses tentacules, lui chuchotait des mots secrets, puis l’envoyait doucement flotter vers le ciel.

Ces bulles mettaient parfois des jours à atteindre leur destinataire. Elles passaient par les étoiles, se faufilaient entre les rêves, éclataient doucement au-dessus du lit de l’enfant… et, souvent, le vœu se réalisait un peu. Parfois beaucoup.

Mais voilà. Depuis quelques nuits, plus rien ne montait. Les bulles naissaient bien, mais elles éclataient dans la lagune, à peine formées.

Talma paniqua. Elle consulta les crevettes savantes, les hippocampes mathématiciens, même la vieille tortue-coraline. Personne ne comprenait.

Alors elle descendit très bas, là où même la lumière ne va plus. Elle y trouva une énorme créature endormie : le Dormidon. Une sorte de baleine-nuage, avec une moustache d’algues et un ronflement si profond qu’il aspirait l’eau autour de lui… et les bulles avec.

Talma eut peur. Mais elle s’approcha doucement et commença à lui souffler une berceuse. Une mélodie douce comme les vagues, chaude comme une caresse.

Le Dormidon remua, grogna un peu… puis soupira. Il se retourna, un sourire flottant au coin des nageoires. Et il se rendormit, mais sans aspirer.

Depuis, les bulles montent à nouveau.

Et peut-être que ce soir, en regardant la surface de ton verre d’eau ou la mousse de ton bain… tu verras une toute petite bulle s’élever. Talma te salue.

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