Thalie, l’Horloge Qui Voulait Faire une Pause

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Thalie était une horloge ancienne.
Grande, en bois sombre, avec un balancier qui chantait tic… tac… tic… tac… depuis si longtemps qu’on ne savait même plus quand elle avait commencé.

Elle vivait dans une école, tout en haut d’un mur de la classe 3B.
Tous les enfants levaient les yeux vers elle cent fois par jour.

• « Il est quelle heure ? »
• « C’est bientôt la récré ? »
• « Il reste combien de minutes ? »
• « Le cours est presque fini ? »

Et Thalie tournait.
Toujours.
Sans s’arrêter.

Son tic-tac résonnait pendant les leçons, les devoirs, les rires, les larmes, les siestes.

Mais un matin, très tôt, alors que le soleil faisait encore des ombres longues sur le sol ciré, Thalie murmura :

• « J’aimerais… une pause. »

Pas un arrêt.
Pas une panne.

Juste un moment où le monde cesse de courir.

Où les secondes cessent de se bousculer.
Où les minutes prennent un thé.
Où les heures s’allongent dans l’herbe.

Thalie pensa :
Et si j’arrêtais… un tout petit peu ?

Alors elle bloqua doucement ses aiguilles,
ralentit son cœur,
et fit taire le tic… tac…

Le silence entra dans la classe.
Un silence étrange, mais doux.
Pas un silence de vide, non.
Un silence de respiration.

Les enfants n’arrivèrent pas tout de suite.
Le maître entra, vit l’horloge immobile, haussa les épaules, et dit :

• « Tiens. Une journée sans montre. Ça nous fera du bien. »

Et ils firent la classe sans heure.

On ne savait plus quand était la récré.
Alors on la prit quand on en avait besoin.

On ne savait plus quand finir l’histoire.
Alors on l’écouta jusqu’à ce que tout le monde soit d’accord que c’était « la fin parfaite. »

Et personne ne regarda le mur.
Parce que tout le monde regardait les autres.

Le soir venu, quand l’école se vida,
Thalie sentit quelque chose changer.

Pas une pression.
Pas une peur.

Un calme.

Elle redémarra.
Tic… tac…
Juste pour que le monde continue.

Mais à sa façon.

Et depuis ce jour, parfois, sans prévenir,
Thalie fait une pause.
Pas longtemps.
Juste assez pour rappeler à tout le monde que…

rien ne presse.