Arielle, la Sirène Capitaine

Arielle, la Sirène Capitaine

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Dans la baie d’Écume-Lune, où les vagues dessinaient des arabesques d’argent sur la mer, vivait Arielle, une jeune sirène pétillante.

Arielle n’était pas tout à fait comme ses sœurs.

Pendant que les autres sirènes chantaient pour faire danser les étoiles de mer, peignaient leurs cheveux avec des coquillages nacrés, ou faisaient la course avec les dauphins…
Arielle, elle, passait son temps à espionner les navires humains.

Elle adorait tout : les voiles claquant au vent, les cordages entortillés, les cartes couvertes de mystères, et surtout… l’idée d’être capitaine.

— « Un jour, » disait-elle en agitant sa queue scintillante, « je serai capitaine d’un vrai bateau ! »

Ses sœurs éclataient de rire.

— « Mais Arielle, tu n’as pas de jambes ! Comment vas-tu marcher sur un ponton ? »

— « Tu vas faire mouiller tout le pont ! »
— « Et qui a déjà vu une sirène donner des ordres aux moussaillons ? »

Arielle leur répondait avec un clin d’œil :

— « Je trouverai un moyen ! »


Un matin, après une grosse tempête, Arielle trouva un vieux navire échoué sur un rocher : le Brise-Lune.

Il était cassé, penché, mais son mât tenait encore debout, fier et droit comme une vieille promesse.

Le cœur battant, Arielle grimpa (en sautillant maladroitement avec sa queue) sur le pont.
Elle trouva une vieille casquette de capitaine flottant dans une flaque d’eau.

Elle la posa sur sa tête.

— « À partir d’aujourd’hui, » déclara-t-elle à un crabe perplexe, « je suis Capitaine Arielle du Brise-Lune ! »


Évidemment, être capitaine sans équipage, ce n’était pas simple.

Alors Arielle recruta :

  • Des mouettes pour surveiller les horizons,
  • Des poulpes pour réparer les voiles avec leurs bras agiles,
  • Des crabes costauds pour actionner les cordages,
  • Et même un vieux dauphin grincheux comme second.

Ensemble, ils remirent le Brise-Lune à flot.

Bon, le navire flottait un peu de travers.
Il grinçait à chaque vague.
Et parfois, les mouettes oubliaient leurs consignes et piquaient dans la cale pour voler des biscuits.

Mais peu importait.

Arielle tenait enfin la barre d’un vrai navire.


Un jour, un vrai bateau de pêcheurs croisa le Brise-Lune.

Les humains, écarquillant les yeux, virent passer un navire brinquebalant, conduit par une sirène hilare, une casquette de travers sur la tête, criant dans un porte-voix fait d’un gros coquillage :

— « Tous à bâbord ! Virez de bord, mes marins ! »

Certains racontent qu’ils ont ri pendant toute la traversée.
D’autres disent qu’ils ont vu la sirène leur faire un salut militaire parfait.

Mais une chose est sûre : depuis ce jour, on entend parfois, au large de la baie d’Écume-Lune, une voix joyeuse porter sur les vagues :

« Par vent ou par marée, Capitaine Arielle ne chavirera jamais ! »

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