Octave, le Hibou du Matin

Histoire écrite par Valentin Dubrulle

Octave était un jeune hibou tout neuf.
Ses plumes étaient encore un peu ébouriffées, ses serres pas très habiles, et ses lunettes trop grandes pour son bec.

Mais surtout, Octave avait un drôle de problème :
Il se réveillait… le matin.

Pas le soir, comme tous les autres hiboux.
Non.
Lui, à la première lueur du soleil, il ouvrait grand les yeux et disait :

— « Quelle belle journée pour hululer ! »

Les autres hiboux soupiraient.

— « Octave, c’est la NUIT qu’on hulule. Pas le matin. »
— « Tu es un hibou ! Pas un coq ! »
— « Va donc dormir, petit hibou déréglé. »

Mais Octave n’arrivait pas à rester éveillé le soir.
À chaque tentative, il s’endormait en plein vol, ou ronflait la tête dans une noisette.


Alors, il fit ce que personne n’avait jamais fait :
Il se leva à l’aube, quand tous les autres hiboux dormaient, et partit explorer la forêt… en plein jour.

Et là, il découvrit un monde que les hiboux ne connaissaient pas :

  • Les hérissons qui prennent le soleil en cachette,
  • Les fourmis qui font la course avec des miettes,
  • Les écureuils qui dansent sur les branches en riant.

Octave les regardait, les écoutait, les dessinait dans un carnet de feuilles sèches.

— « Quel drôle de hibou, » disaient les autres animaux, un peu surpris.
— « Tu devrais dormir, non ? »

— « Moi ? Je dors quand tout le monde fait la fête. Et je me réveille quand tout est calme, » répondait Octave avec un clin d’œil.


Un jour, un gros problème secoua la forêt.

Un bébé renard s’était perdu… au lever du jour.

Tous les animaux étaient encore endormis.
Même les hiboux n’étaient pas encore rentrés.
Personne ne vit l’ombre du petit renard tremblant, tout seul au bord de la rivière.

Sauf Octave.

Grâce à ses yeux de hibou, il le vit tout de suite.
Il glissa sans bruit entre les branches, rejoignit le petit renard et le guida tout doucement jusqu’à son terrier, encore endormi.

Quand les autres se réveillèrent, le bébé dormait déjà paisiblement.
Et Octave, lui, souriait sous une feuille.


Depuis ce jour, la forêt a un hibou du matin.

Il veille sur les rêves qui traînent encore au soleil,
sur les petits qui se réveillent trop tôt,
et sur les aventures discrètes du jour qui commence.

Et tous les soirs, avant d’aller dormir, il dit aux autres hiboux :

— « Bonne nuit, les chouettes ! Moi, je prends le premier tour de veille. »

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